C'est le premier long métrage que Alain cavalier réalise sur un scénario écrit par lui-même et Rappeneau. L'action se déroule en 1961-1962. Après la tentative de putsch organisée par l'OAS qui vit
ses derniers moments officiels. Le film met en scène un membre d'un groupuscule d'extrême droite qui participe à des attentats ou des opérations de vendetta contre des traitres à l'organisation.
C'est dans ce contexte que Clément (JL Trintignant) et Anne (Romy Schneider) voient leur couple se déchirer à cause d'une jalousie maladive de Clément, teintée de racisme et se traduisant par une
violence destructrice vis-à-vis d'Anne. Ils se réfugient chez Paul, un ami d'enfance de Clément qui, manifestement, n'adhère pas aux convictions de Clément. Lors d'une absence prolongée de Clément,
Anne et Paul deviennent amants. A son retour, la jalousie et la rage de Clément ne connait plus de limites… L'apport politique finalement n'interfère que peu dans l'intrigue générale sinon pour en
rajouter une bonne couche sur le comportement violent de Clément. Jean-Louis Trintignant excelle dans ce genre de rôle d'homme traqué, rancunier, agressif, qui prépare soigneusement sa vengeance : il
incarne ici le rôle d'une bête malfaisante et malsaine dans sa relation avec une femme. Romy Schneider joue le rôle d'une femme, Anne, détruite par un amour qui la consume et la dévalorise (elle est
actrice et a abandonné sa carrière car elle pense qu'elle n'est pas à la hauteur). Puis se reconstruit auprès de Paul et reprend sa carrière au théâtre (Trintignant qui assiste à une représentation
reconnait qu'elle n'a jamais aussi bien joué). Le rôle de Paul est joué par Henri Serre. Peu de choses à en dire car son rôle est beaucoup plus simple sinon qu'il est le négatif de Clément. Bien
qu'Alain Cavalier ne fasse pas vraiment partie de la Nouvelle Vague, on ne peut s'empêcher d'y penser lorsqu'on écoute les dictions détachées, "métalliques", "indifférentes" de Henri Serre et de
Jean-Louis Trintignant ou de la voix off du narrateur (Jean Topart). De la même façon, l'image ou la manière de filmer sobre et froide (plans fixes ou au contraire très mobiles, des ruptures ou des
transitions brutales) qu'on retrouve assez régulièrement chez louis malle ou chez Truffaut. La musique, déstructurée, moderne et "aseptisée" qui convient très bien à la première partie du film où on
assiste à la destruction de Romy Schneider contribue aussi à cette impression de "Nouvelle Vague".